Que s’est-il passé à Mons-en-Barœul au mois de novembre ?
L’histoire se répète :
Au départ, il y a un jeune homme qui roule en scooter sans casque, et qui a un accident en cherchant à fuir la police, ça vous dit quelque chose ? Evidemment ! On a tous déjà entendu cette histoire des dizaines de fois. Ce jeune homme en scooter sans casque, on le connait bien, c’est toujours pareil depuis des décennies. C’est nous à 17 ans, c’est notre frère, c’est notre fils… Certes, c’est pas bien de faire du scooter sans casque, c’est dangereux. Mais tous les adultes savent bien qu’aimer la vitesse et le danger, c’est aussi le propre de la jeunesse. Ce goût-là peut prendre des formes différentes selon les lieux et les époques, mais le scooter en ville ça garde un grand succès. Alors, on imagine aisément que les forces de l’ordre ont eu l’occasion d’appréhender le problème depuis le temps et qu’on enseigne dans les écoles de police des moyens sécurisés de faire passer les messages de prévention sans mettre des jeunes en danger.
Apparemment non. La police à Mons-en-Baroeul en novembre 2020, comme dans les années 80, s’engage dans des courses poursuites avec des jeunes en scooter au risque de provoquer des accidents mortels. Il n’est pas besoin de savoir si la voiture de police a touché le scooter ou pas. Le problème est bien en amont, et c’est à ce problème que nous devons nous confronter.
Pourquoi, n’y a-t-il plus d’éducateurs de prévention sur le territoire de Mons-en-Baroeul ? Il faut interpeller le Département du Nord et revendiquer une véritable politique de prévention jeunesse avec des moyens d’agir et une présence éducative à la hauteur des enjeux.
Pourquoi la police agit-elle ainsi ? La réponse est toujours la même : il s’agit de lutter contre les trafics de stupéfiants. Au lieu de persévérer dans l’aveuglement, il serait temps d’aborder le sujet de manière rationnelle, et notamment d’envisager une légalisation encadrée cannabis pour une triple raison : santé publique (la France présente les pires chiffres d’Europe en termes d’addiction des jeunes, malgré la pénalisation), bon fonctionnement de la police et de la justice (engorgées et démoralisées par la politique actuelle), et sécurité (assécher les réseaux et les trafics).
Revenons à Mons-en-baroeul et aux conséquences de cet accident sur la vie des habitants à proximité : dès le dimanche soir et pour plusieurs nuits, des tensions ont éclaté, feux d’artifice, tirs de mortiers, affrontements avec entre jeunes et la police… Le lieu où ça se passe n’est pas anodin : en plein centre-ville, au pied de la « Pépite », fleuron de la rénovation urbaine à Mons-en-Baroeul. Est-ce que cela signifie qu’après des années de travaux et les millions de l’ANRU rien n’a changé dans la ZUP de Mons ? A la Mairie, on s’imaginait déjà tiré d’affaire, le projet ANRU terminé on allait pouvoir se consacrer une petite gestion pépère de centre droit, au clientélisme auprès des « aînés » et à la construction « de petits collectifs de standing en accession à la propriété ». Patatras, la réalité sociale de la ville nous revient à la figure et nous oblige sur TF1 à appeler au calme ! On aurait tort cependant de penser que ces tensions surgissent brutalement, elles couvent depuis longtemps et ce n’est pas en faisant semblant de les ignorer qu’on les élimine. La Politique de la Ville passe par des politiques sociales, éducatives, culturelles, sportives, par une attention de tous les instants à l’emploi, l’insertion et la jeunesse. Toutes ces dimensions humaines ont été délaissées pendant qu’on a investi massivement dans les bâtiments et le renouvellement urbain.
Ainsi, après avoir subit des années de travaux, le stress des déménagements et relogements, le droit à la tranquillité publique n’est pas garanti pour les riverains.
A cela s’ajoute le contexte du confinement et de la crise sanitaire du Covid qui aggrave les situations de précarité, d’angoisse, d’isolement des habitants aux premières loges des tensions.
Qu’est-ce qui a été mis en place concrètement pour les écouter, les rassurer, les aider ?
Plus globalement, dans cette période si difficile pour beaucoup d’entre nous, comment pouvons-nous contribuer tous ensemble pour plus de solidarité et une gestion plus collective de la crise ?
Un Nouveau Souffle à Mons